19 Mars 2014
Les appelés algériens dans nos rangs.
Comme dans toutes les unités des forces françaises en Algérie, les jeunes Algériens, comme les pieds-noirs étaient appelés sous les drapeaux pendant la guerre d’indépendance.
Nous avions à Sidi Djémil un contingent de ces jeunes appelés venants des quatre coins de l’Algérie. Rien de surprenant avec les appelés de métropole, ils étaient des bidasses comme les autres, à part bien sûr le régime alimentaire, et le rituel du ramadan.
Quand était-il de leur comportement avec les appelés de France ?
Des amitiés se forgèrent avec les mêmes critères que ceux de la métropole entre eux.
Ce qui avait une différence, ce fut lors des accrochages. Nos jeunes amis ne tiraient pas sur leurs frères. Ils avaient reçu des consignes probablement chez eux. Car soit qu’ils tirassent en l’air soit quand cas de coup dur de nuit par exemple, ils abandonnent leurs armes et fuyaient le combat en toute discrétion quitte à se faire passer pour des « trouillards ». En cas où ils furent récupérés par leurs frères, ils pouvaient affirmer ne pas avoir tiré, car sans armes. Probablement ils suivaient les consignes des gens de chez eux. Mais à la première occasion s’ils pouvaient nous fausser compagnie avec armes et bagages certains ne s’en privèrent pas ! à Sidi Djémil, il n’y eu rien de tel, simplement des tirs au ciel que j’ai peu constater de visu, et des abandon d’armes de nuit. En moralité, il fallait bien se dire que ces soldats n’étaient pas avec nous pour nous aider, mais pour ne pas se soustraire à l’obligation du service militaire sous peine d’être des insoumis. Et aller au FLN ne les motiver pas plus que cela. Ils étaient avec nous en attendant que cela se passe sans aucune conviction. Ils étaient en quelque sorte des hommes ne voulant prendre parti sinon d’épargner leur vie et celle de leurs frères en face, cela c’est un jeune appelé Algérien qui me l’a confié un jour au cours d’une opération. Il avait un grand sens de vison sur les événements, me disant que tout ce que nous faisions ne servirait à rien et que l’indépendance, ils allaient l’obtenir inévitablement. Ce jeune n’avait que 20 ans, mais déjà il savait. Je pense qu’une fois l’indépendance acquise, ils s’en retournèrent chez eux sans être inquiétés par l’armée de l’ALN, ce qui aurait été dommage si cela devait se produire. J’avais comme beaucoup d’entre nous une sincère sympathie pour ses jeunes appelés d’Algérie. Hélas, les appelés pieds-noirs n’ont eu que le choix que de quitter leur pays à jamais.
À ce sujet, je voudrais m’étendre, pour compléter mon message, les appelés Algériens, qui abandonnaient leurs armes, savaient très bien qu’ils n’étaient pas perdus pour tout le monde. Dans un accrochage de nuit, J’avais retrouvé le PM d’un de ces militaires bien en évidence au bord d’un oued posé délicatement sur une butte de terre. Un peu comme une offrande au FLN. Et non comme il le prétendait, l’avoir perdu dans sa hâte paniquée par les coups de feu. Ce geste était donc volontaire. Une manière comme une autre de soutenir la rébellion sans trop s’exposer. Des cas comme cela il doit y en avoir eu pas mal.
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