17 Juin 2010
Ce n’était pas, qu’un AU REVOIR………..
Arrivé à Lacroix le 9 janvier 1960 au 4ème Hussards, il m’a fallu une bonne semaine pour me mettre dans le bain.
Très mauvaise ambiance, la nuit la garde le long du barrage, et dans la journée construire de petites fortifications pour nous protéger contre les balles.
Le Capitaine GAULLIER en permission, le Lieutenant DENOYER a pris le commandement du 2ème ’escadron auquel j’étais affecté comme tireur sur M 24.
Réorganisation des équipes de chars, la pénurie des effectifs se fait sentir, et malgré de grosses difficultés de véhicules dues à un manque de pièces, le peloton chars commençait à bien marcher.
Dès son retour de permission le Lieutenant reprend le commandement de l’escadron. A l’arrivée d’un renfort en hommes très mal instruits, ou même pas du tout lui créa beaucoup de soucis .Il disait que ce n’est pas comme cela qu’on va gagner cette guerre.
Les bleus qui venaient d’arrivés étaient formés sur AMX 13 et non sur M 24 , et il décida de faire de l’instruction char le 11 avril.
Comme FFB je formais les tireurs, et le brigadier Couturier les pilotes, naturellement sous surveillances du Lieutenant DENOYER.
Très vite le peloton fut opérationnel, le Lieutenant nous félicite, et je passe Brigadier.
Toujours le 1er à monter sur son char lors des alertes, et son équipage très fier de sortir avec lui. Son char le ROUSPETEUR très bien équipé, une caisse de munition remplie avec des bibines et des boites de jus d’orange qu’il nous offrait lors des opérations.
Un homme de grandes valeurs avec beaucoup de compétences respecté et apprécié par tout le régiment.
Le 10 mai hospitalisé à Bône pour des analyses, le Lieutenant avait fait la demande pour un stage d’observation, il voulait nous quitter pour raisons personnelles, (des heurts fréquents avec le Capitaine)
Le 1er juillet 1960 le Lieutenant organise le déménagement pour s’installer à COLONNA .20 juillet il participe à la récupération du PIPER abattu la veille par les rebelles, le jour ou le Colonel ODDO saute sur une mine.
Le 24 octobre le Lieutenant DENOYER nous offre le pot d’adieu, il nous quitte pour rejoindre L’A.L.A.T. Et nous, surtout le 1er peloton regrettait son départ.
Le 17 décembre il survola COLONNA pour nous dire BONJOUR, mais malheureusement c’était un ADIEU, car quatre jours plus tard le 21 décembre il est mort, au cours d’une mission de reconnaissance, son L 19, s’était abattu près de SOUK-AHRAS, alors qu’il survolait le sol à basse altitude.
Le Lieutenant fut nommé à titre posthume : CHEVALIER DE LA LEGION D’HONNEUR
Extrait du livre écrit par son père : 4 ans DE GUERRE EN ALGERIE
LETTRES D’UN JEUNE OFFICIER
DENOYER François-Marcel-Georges
Lieutenant au 4e Régiment de Hussards
<< Jeune officier prestigieux qui s’est imposé d’emblée par ses qualités de cœur, d’intelligence et de courage
Chef de Peloton de Chars, participe à de nombreuses opérations dans les régions de Lacroix et de Colonna (Zone Nord-est Constantinois) en 1959 et 1960, déjouant plusieurs tentatives de franchissement du barrage et infligeant des pertes aux rebelles.
Récemment affecté comme observateur au peloton de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre de Souk-Ahras, a trouvé la mort le 21 décembre 1960 au cours d’une mission de reconnaissance aérienne près de cette ville. Totalisait déjà 47 heures de vol et 19 missions >>
Ces nominations comportent l’attribution de la Croix de la Valeur Militaire avec palme
Par le Président de la République
(Signé) Charles de GAULLE
Le ministre des Armées : Le Premier ministre :
(Signé) Pierre MESSMER (Signé) Michel DEBRE
Merci à Bertrand ARCHAMBEAUD en possession de ce livre qu’il a bien voulu me le prêter, vu que je connaissais bien le Lieutenant DENOYER pour avoir été sous ses ordres.
René Schaeffer